mardi 29 janvier 2013

Réforme des rythmes à l'école primaire (2)

Quelle est la position des syndicats de parents d'élèves sur la question? 

Voici des extraits de deux interviews présentant des positions différentes sur la réforme, qui nous ont gentiment été suggérés par des parents. Dans notre souci d'objectivité, nous présentons ces positions dans le sens inverse par rapport au post précédent, c'est-à-dire que nous donnerons d'abord la parole à Sébastin Sihr, secrétaire général du SNUipp-FSU (arguments s'opposant à la réforme telle qu'elle est prévue actuellement), puis à Jean-Jacques Hazan, président de la FCPE (arguments en faveur de la réforme).

Réforme des rythmes scolaires: les profs égoïstes? 

 En refusant la réforme des rythmes scolaires, les enseignants de primaire font-ils passer leur confort avant le bien-être des enfants ? [...] Les enseignants ne refuseraient-ils pas tout simplement de venir travailler le mercredi matin (chômé depuis 2008) comme le stipule le décret Peillon ? Ne feraient-ils pas passer leurs acquis avant le confort des écoliers ? [...]

Comment accueillez-vous les critiques qui s'abattent sur les enseignants parisiens, qui ont été 80% à 90% à observer une grève contre la réforme des rythmes scolaires?
Je suis extrêmement choqué par les propos qui ont été tenus contre les enseignants. Nous avons été présentés comme un corps recroquevillé sur ses petits privilèges - c’est insultant au regard de notre action quotidienne auprès des enfants. Nous ne sommes pas des nantis ! Ce genre de procès me rappelle les propos de certains parlant du "mammouth" il y a quelques années [le ministre de l’Education nationale, Claude  Allègre, qui en juin 1997, avait appelé à "dégraisser le mammouth", NDLR].
Pourtant, votre syndicat est hostile à la réforme des rythmes scolaires, non?
Non, je le dis : nous ne sommes pas hostiles à cette réforme. Nous souhaitons simplement avoir une garantie que les activités périscolaires qui seront dispensées aux enfants soient de qualité. Il n’est pas dans l’intérêt de l’enfant d’allonger, comme le souhaite par exemple la Mairie de Paris, la pause du midi de 45 minutes si c’est pour leur faire "faire du préau" !
Cette préoccupation des enseignants pour la qualité du périscolaire étonne les fédérations de parents d’élèves. Ne cache-t-elle pas un refus de retourner faire classe le mercredi matin ?
Je vous le redis : nous sommes favorables à la semaine de 4,5 jours si la qualité des activités périscolaires est garantie.
Pourquoi demandez-vous le report de la mise en application de cette mesure à 2014 ? Ne serait-ce pas une manière de l’enterrer en douceur ?
Pas du tout, mais parce que cette réforme n’est pas mûre pour la rentrée prochaine. C’est une réforme bricolée, qui a besoin de davantage de lisibilité pour mieux convaincre. Il faut prendre le temps de réécrire certains aspects du décret qui ne sont pas satisfaisants. Il est impératif par exemple de revaloriser le rôle du conseil d’école dans la mise en place des rythmes scolaires. [...]
Source: Le Nouvel Observateur

"Il faut faire passer les enfants d'abord pour une fois" 

La réforme des rythmes scolaires dans le primaire, qui rassemblait tout le monde il y a quelques mois, est devenue la nouvelle pomme de discorde de l'Education nationale. Les enseignants, qui réclament une contrepartie financière et davantage de concertation, font grève et manifestent à Paris mardi 22 janvier, et partout en France mercredi, jour de la présentation du projet de loi sur la refondation de l'école en Conseil des ministres. Les collectivités territoriales, mises à contribution dans cette réforme, n'en pensent pas moins. [...]


Francetv info : Soutenez-vous le mouvement de certains enseignants contre la réforme des rythmes scolaires ? 
Jean-Jaques Hazan : S'ils ont des choses à revendiquer, qu'ils le fassent. Mais ce n'est pas le moment. Pour nous, ce n'est pas du rythme des enseignants dont on doit parler en priorité, mais de celui des enfants. Il faut les faire passer d'abord pour une fois. Toutes les organisations syndicales et tous les partis étaient d'accord pour en finir avec la semaine de quatre jours. Si chacun regarde midi à sa porte maintenant, on ne va pas avancer.
La mise en œuvre de la réforme dès 2013 dans certaines villes, dont Paris, est jugée trop précipitée. N'aurait-il pas fallu davantage de concertation ? 
Mais cette réforme des rythmes scolaires, cela fait trente ans qu'on en parle et quatre ans que la FCPE la réclame ! Pourquoi attendre encore ? Avec 144 jours de classe par an et six heures de cours par jour, on a la pire situation qui soit. Une société cohérente doit protéger un peu plus ses enfants que ses adultes. Les droits des élèves devraient figurer dans le Code de l'éducation, au même titre que ceux des salariés dans le Code du travail.
Etes-vous satisfait du décret tel qu'il est rédigé actuellement ?
Non, nous allons militer pour quelques retouches et faire en sorte que le texte sur la refondation de l'école en général soit plus ambitieux. Cinq heures trente de cours par jour, c'est encore trop long. Et il faudrait aussi étendre le temps scolaire sur l'année entière. 
Certains enseignants regrettent que la pause de midi, pourtant allongée (une heure trente), ne soit plus consacrée au soutien scolaire...
Nous ne sommes pas favorables à l'aide personnalisée telle qu'elle est conçue actuellement. Elle ne fait que stigmatiser un peu plus les élèves, les empêchant d'aller se détendre avec leurs camarades.Tout doit se jouer dans la classe. L'école doit arrêter de se décharger sur l'extérieur et de déléguer. Il faut en finir avec les devoirs, comme c'est déjà le cas dans certains établissements, mais aussi avec les notes et le redoublement. Une véritable révolution pédagogique est nécessaire dans notre école. [...]