Quelle est la position des syndicats de parents d'élèves sur la question?
Voici des extraits de deux interviews présentant des positions différentes sur la réforme, qui nous ont gentiment été suggérés par des parents. Dans notre souci d'objectivité, nous présentons ces positions dans le sens inverse par rapport au post précédent, c'est-à-dire que nous donnerons d'abord la parole à Sébastin Sihr, secrétaire général du SNUipp-FSU (arguments s'opposant à la réforme telle qu'elle est prévue actuellement), puis à Jean-Jacques Hazan, président de la FCPE (arguments en faveur de la réforme).
Réforme des rythmes scolaires: les profs égoïstes?
En refusant la réforme des rythmes scolaires, les enseignants de primaire font-ils passer leur confort avant le bien-être des enfants ? [...] Les enseignants ne refuseraient-ils pas tout simplement de venir travailler le mercredi matin (chômé depuis 2008) comme le stipule le décret Peillon ? Ne feraient-ils pas passer leurs acquis avant le confort des écoliers ? [...]
Comment accueillez-vous les critiques qui s'abattent sur les enseignants parisiens, qui ont été 80% à 90% à observer une grève contre la réforme des rythmes scolaires?
Je suis extrêmement choqué par
les propos qui ont été tenus contre les enseignants. Nous avons été
présentés comme un corps recroquevillé sur ses petits privilèges - c’est
insultant au regard de notre action quotidienne auprès des enfants.
Nous ne sommes pas des nantis ! Ce genre de procès me rappelle les
propos de certains parlant du "mammouth" il y a quelques années [le ministre de l’Education nationale, Claude Allègre, qui en juin 1997, avait appelé à "dégraisser le mammouth", NDLR].
Pourtant, votre syndicat est hostile à la réforme des rythmes scolaires, non?
Non, je le dis : nous ne sommes pas hostiles à
cette réforme. Nous souhaitons simplement avoir une garantie que les
activités périscolaires qui seront dispensées aux enfants soient de
qualité. Il n’est pas dans l’intérêt de l’enfant d’allonger, comme le
souhaite par exemple la Mairie de Paris, la pause du midi de 45 minutes
si c’est pour leur faire "faire du préau" !
Cette préoccupation des enseignants pour la qualité du
périscolaire étonne les fédérations de parents d’élèves. Ne cache-t-elle
pas un refus de retourner faire classe le mercredi matin ?
Je vous le redis : nous sommes favorables à la semaine de 4,5 jours si la qualité des activités périscolaires est garantie.
Pourquoi demandez-vous le report de la mise en application de
cette mesure à 2014 ? Ne serait-ce pas une manière de l’enterrer en
douceur ?
Pas du tout, mais parce que cette réforme n’est
pas mûre pour la rentrée prochaine. C’est une réforme bricolée, qui a
besoin de davantage de lisibilité pour mieux convaincre. Il faut prendre
le temps de réécrire certains aspects du décret qui ne sont pas
satisfaisants. Il est impératif par exemple de revaloriser le rôle du conseil d’école dans la mise en place des rythmes scolaires. [...]
Source: Le Nouvel Observateur
"Il faut faire passer les enfants d'abord pour une fois"
La réforme des rythmes scolaires dans le primaire, qui rassemblait tout le monde il y a quelques mois, est devenue la nouvelle pomme de discorde de l'Education nationale. Les enseignants, qui réclament une contrepartie financière et davantage de concertation, font grève et manifestent à Paris mardi 22 janvier, et partout en France mercredi, jour de la présentation du projet de loi sur la refondation de l'école en Conseil des ministres. Les collectivités territoriales, mises à contribution dans cette réforme, n'en pensent pas moins. [...]
Francetv info : Soutenez-vous le mouvement de certains enseignants contre la réforme des rythmes scolaires ?
Jean-Jaques Hazan :
S'ils ont des choses à revendiquer, qu'ils le fassent. Mais ce n'est
pas le moment. Pour nous, ce n'est pas du rythme des enseignants dont on
doit parler en priorité, mais de celui des enfants. Il faut les faire
passer d'abord pour une fois. Toutes les organisations syndicales et
tous les partis étaient d'accord pour en finir avec la semaine de quatre
jours. Si chacun regarde midi à sa porte maintenant, on ne va pas
avancer.
La mise en œuvre de la réforme dès 2013 dans
certaines villes, dont Paris, est jugée trop précipitée. N'aurait-il pas
fallu davantage de concertation ?
Mais cette réforme
des rythmes scolaires, cela fait trente ans qu'on en parle et quatre ans
que la FCPE la réclame ! Pourquoi attendre encore ? Avec 144 jours de
classe par an et six heures de cours par jour, on a la pire situation
qui soit. Une société cohérente doit protéger un peu plus ses enfants
que ses adultes. Les droits des élèves devraient figurer dans le Code de
l'éducation, au même titre que ceux des salariés dans le Code du
travail.
Etes-vous satisfait du décret tel qu'il est rédigé actuellement ?
Non,
nous allons militer pour quelques retouches et faire en sorte que le
texte sur la refondation de l'école en général soit plus ambitieux. Cinq
heures trente de cours par jour, c'est encore trop long. Et il faudrait
aussi étendre le temps scolaire sur l'année entière.
Certains
enseignants regrettent que la pause de midi, pourtant allongée (une
heure trente), ne soit plus consacrée au soutien scolaire...
Nous
ne sommes pas favorables à l'aide personnalisée telle qu'elle est
conçue actuellement. Elle ne fait que stigmatiser un peu plus les
élèves, les empêchant d'aller se détendre avec leurs camarades.Tout doit
se jouer dans la classe. L'école doit arrêter de se décharger sur
l'extérieur et de déléguer. Il faut en finir avec les devoirs, comme
c'est déjà le cas dans certains établissements, mais aussi avec les
notes et le redoublement. Une véritable révolution pédagogique est
nécessaire dans notre école. [...]
Source: francetvinfo.fr